La psychothérapie intégrative, c’est tisser des liens entre les différentes dimensions de la personne grâce à la richesse de plusieurs approches thérapeutiques.
Sommaire
L’approche intégrative, une définition
L’approche intégrative en psychothérapie s’adresse à la personne dans la globalité de son être. Ainsi, non seulement elle inclut les niveaux affectifs et relationnels, cognitifs et comportementaux, sociaux et spirituels mais aussi différentes écoles de psychologie.
Ce qu’elle n’est pas
En premier, commençons par comprendre ce qu’elle n’est pas. En effet, on peut facilement se perdre dans toutes les propositions de bien-être. Nous devons donc distinguer la psychothérapie intégrative d‘une approche éclectique. Une approche éclectique peut inclure aussi bien le massage, les tarots, l’astrologie, le magnétisme, les techniques énergétiques, le chamanisme…
Ce qu’elle est
À l’origine, la psychothérapie intégrative est née de deux impulsions. En premier, le désir de dépasser les conflits d’écoles de pensée dans le champ de la psychanalyse et de la psychologie. En second, le besoin de cesser de « saucissonner » l’être humain.
Pourquoi l’approche intégrative ?
Le non-morcellement de l’être humain
Comme beaucoup de gens, j’ai moi-même fait les frais du « saucissonage ». C’est ainsi qu’à l’âge de 18 ans, handicapée par des attaques de panique, j’ai entamé ma première analyse. Or, mon psychanalyste, un freudien, rapportait sans cesse mes problèmes psychologiques au complexe d’Œdipe et à mes parents. Cependant, s’il est vrai qu’il est toujours central d’aller faire un tour de ce côté-là, la relation à mes parents n’engendrait pas mes crises d’angoisse.
La réalité était tout autre. En effet, je venais d’entrer en classe prépa dans un milieu social bien plus élevé que le mien. Par ailleurs, personne ne m’avait avertie de la difficulté de ces classes. Je me sentais donc socialement en état d’infériorité et manquant de culture générale. Neuilly, avec son environnement bourgeois très conventionnel, ne me convenait pas.
Règle 1 : Le psychothérapeute intégratif n’enferme pas l’humain dans une théorie qu’il affectionne.
L’écoute et la résolution des traumatismes
Plus tard, dans cette même analyse, j’ai tenté d’évoquer à plusieurs reprises un traumatisme de mon enfance. Quelle ne fut pas ma surprise… Aucune réaction du psy !
Pourtant, à l’âge de 7 ans, j’avais été séparée des miens pour raison de santé et envoyée à la montagne pour un très long séjour, une véritable épreuve. Avant Dolto, on communiquait peu avec les enfants et je n’avais donc aucune information sur la durée de cet « exil ». J’ai cru en fait que je ne reverrais pas ma famille. Ainsi, éprouvant à la fois peur et sentiment d’abandon, et les enfants subissant de la maltraitance dans cet établissement, j’ai grandi trop vite, passant émotionnellement de l’enfance à l’adolescence en quelques mois.
Mon psychanalyste de l’époque n’a jamais été à l’écoute de cette blessure et ne m’a pas aidée à la surmonter. Des années plus tard, me mettant à exercer la psychanalyse, j’ai retenu la leçon. On ne peut pas enfermer son patient dans une grille de lecture ou une seule méthode.
Règle 2 : En psychothérapie intégrative, je suis pris(e) au sérieux sur ce qui m’a marqué.
La dimension physique
Une personne qui désire entamer une psychothérapie peut être étonnée (voire choquée) qu’on la questionne sur son état de santé. C’est méconnaître le lien pourtant évident entre le corps et le psychisme. En effet, toute pathologie physique entraîne une réaction émotionnelle, et la réciproque est vraie aussi. Parfois, un simple manque de magnésium et de vitamine D aggrave le sentiment d’angoisse. Des difficultés sexuelles peuvent nécessiter l’aide du gynécologue, de l’urologue ou l’andrologue, et même du proctologue pour les problèmes de plancher pelvien.
Le thérapeute peut ainsi demander à son patient de se rapprocher de son médecin pour faire un bilan s’il suspecte quelque chose. Il ne s’agit pas d’incompétence de la part du psy. Bien au contraire.
De même, on peut encourager les personnes à avoir une activité physique et une hygiène alimentaire. On sait aujourd’hui combien elles sont nécessaires dans le traitement de l’angoisse, de la dépression et des troubles de l’humeur.
Bien évidemment, les manifestations corporelles seront prises en compte et verbalisées lors du suivi de personnes atteintes de maladies graves.
Règle 3 : La psychothérapie intégrative inclut le corps et le sollicite.
La dimension affective
La dimension affective semble être la plus explorée en thérapie. Bien sûr, on vient pour parler de ses émotions. Et surtout de celles qui nous envahissent et que nous ne savons pas gérer. Ou de celles qui sont récurrentes. Elles représentent même le signal d’alerte que quelque chose ne va pas.
Lorsque nos affects ne sont pas entendus (en premier par nous-même), nous somatisons. Ou encore l’impact se fait sentir dans nos relations.
L’émotion sera le fil conducteur pour remonter le temps. Dans ma pratique, après avoir identifié et fait le lien avec un ressenti du passé, je propose de guérir la « scène primitive » par une légère hypnose. L’hypnose était utilisée par Freud et bien sûr par Milton Erickson.
Règle 4 : La psychothérapie intégrative peut utiliser différents outils.
La dimension cognitive et comportementale
La psychothérapie va permettre d’explorer les dimensions cognitives et comportementales. Elle s’appuie aussi sur les neurosciences.
En effet, notre appréhension de la réalité doit par exemple être reconsidérée à la lumière de l’impact de nos biais cognitifs. Ces biais agissent sur notre psychisme par trop d’informations, par manque de sens, trop de hâte et tout simplement à cause du fonctionnement de notre mémoire. S’il est parfois angoissant de réaliser que notre cerveau saisit les choses selon un prisme particulier, il est essentiel d’en tenir compte pour clarifier nos perceptions. En début de thérapie, on repère par exemple des distorsions à des phrases telles que « Tout le monde… alors que moi… », « Moi, je n’ai pas eu de chance… alors que les autres… » C’est comme si les autres formaient une masse informe et pour qui tout va bien. C’est une vision qui appartient au ressenti de l’enfant.
Pour en savoir plus, je vous invite à consulter le Codex des Biais Cognitifs en cliquant sur l’image. Une version encore plus complète est accessible en anglais, ici.
À l’autre bout du spectre, la thérapie s’adresse à votre compréhension, à votre logique et réflexion. Leur importance est majeure dans le bon déroulement de votre analyse. Vous pouvez ainsi surveiller où vous en êtes et ce qu’il est indispensable d’explorer. La partie comportementale est tout aussi essentielle. Où en êtes-vous de vos habitudes ? Quels actes posez-vous pour que votre situation évolue ? Le travail sur soi aura et doit avoir des répercussions positives sur votre vie quotidienne.
Règle 5 : La psychothérapie intégrative fait appel à notre intelligence et questionne nos comportements.
La dimension sociale et le travail
Réduire une thérapie à ce qui s’est passé ou ce qui a manqué dans la seule sphère familiale s’avère une grande erreur, même si elle est centrale. En effet, dès l’âge de 7 ans, les enfants se livrent à la comparaison sociale. Qui possède quoi ? Qui semble plus valorisé ? Quelles origines et couleur de peau ? Quel nom ? Qui réussit ? Qui a le pouvoir… même dans la cour d’école !
Les possibles difficultés engendrées alors marquent plus tard la vie sociale et déterminent notre degré d’aisance. Le mot « aisance » possède d’ailleurs deux significations : la situation de fortune et la facilité à accomplir une action… un hasard ?
De même, il n’est plus aujourd’hui à démontrer combien notre occupation professionnelle conditionne notre qualité de vie. Ainsi, nombreux sont ceux qui n’ont pas trouvé l’épanouissement au travail et il s’avère primordial d’y remédier. Pour ceux qui souffrent d’un enfermement dans l’argent, allez faire un tour dans La souffrance des riches.
Règle 6 : En psychothérapie intégrative, j’explore la dimension sociale et les complexes d’infériorité ou de supériorité qui ont émergé.
La dimension sexuelle
Là encore, on pourrait être tenté(e) de « saucissonner ». Pour autant, doit-on courir chez le sexologue pour parler de ses difficultés concernant la sexualité ? Rappelons que Freud, l’inventeur de la psychanalyse, a concentré ses travaux sur ce sujet.
Aujourd’hui, on considère cependant moins la sexualité comme une cause de névrose que comme une conséquence (sauf cas particulier, l’abus sexuel par exemple). La façon dont elle est vécue représente simplement un baromètre de notre bien-être.
Règle 7 : En psychothérapie intégrative, je parle de ma sexualité.
La dimension spirituelle
Il y a aujourd’hui moins de pudeur à parler de la sexualité que de la spiritualité. Pourtant cette question essentielle touche de nombreuses sphères de notre vie, par son impact ou… son inexistence !
Le scientisme a mis à mal cette dimension naturelle de l’humain. Cependant, même si l’on se dit athée, finalement est-on totalement sans dieu ? Qu’a-t-on élaboré à la place de cette inclination ? Et comment vit-on le Dieu des autres ? La notion de foi forme un pivot tellement universel qu’elle ne peut être oblitérée.
Et pour ceux qui se reconnaissent une foi, comment la vivent-ils ? Pour reprendre les États du moi de l’Analyse Transactionnelle, cette foi se trouve-t-elle ancrée dans l’Enfant, le Parent, ou l’Adulte ? Comment intervient-elle dans nos moments difficiles ? Le travail de l’âme (méditation sur un texte, méditation et recueillement, prière) est tout aussi important que les autres champs de notre psychisme et les remet souvent en perspective.
Règle 8 : En psychothérapie intégrative, j’ose aborder où j’en suis de ma vie spirituelle.
Les outils que j’utilise ?
Le but de la psychothérapie intégrative est de permettre d’unifier sa personnalité dans un moi cohérent. Ainsi les conflits intrapsychiques seront résolus et les mécanismes de défense assouplis pour permettre de recouvrer une spontanéité et l’aptitude à résoudre les problèmes.
On considère que la thérapie est réussie lorsque la personne a retrouvé un épanouissement, la faculté d’être en lien avec autrui, un sens à son existence, sans plus se réfugier dans les stéréotypes et les opinions rigides.
À l’égal de la plupart des thérapies, la thérapie intégrative se concentre tout d’abord sur la parole. Elle privilégie le dialogue avec le thérapeute. Il s’agit toujours d’un partage où le transfert et le contre-transfert sont au cœur de l’analyse, là où les enjeux essentiels se rejouent.
Un carnet de thérapie
L’analyse ne consiste pas seulement à se raconter. Vous devrez par exemple avoir un carnet dédié où vous noterez vos émotions, vos rêves, ce dont vous souhaitez parler à la prochaine séance, et ce que vous avez retenu de la précédente. Il vous permettra d’observer de façon systématique ce qui se passe en vous et de suivre vos progrès.
Les repères de l’Analyse Transactionnelle
L’Analyse Transactionnelle offre des repères simples et dynamiques pour se situer. Elle s’adapte à toute théorie psychologique et permet de prendre conscience de l’État du Moi dans lequel nous nous trouvons. Suis-je dans le Parent, l’Adulte ou l’Enfant ? L’Analyse Transactionnelle s’avère particulièrement adaptée aux thérapies de couple.
Pour apprendre les bases, je recommande le Que sais-je de Gérard Chandezon et Antoine Lancestre.
L’hypnose
Je pratique une hypnose légère pour résoudre les traumatismes de l’enfance. En effet, chaque fois que nous évoquons des souvenirs douloureux, nous sommes déjà dans une transe puisque nous ressentons la douleur comme si la scène venait de se produire. Les larmes montent, nous tremblons de peur, nous voulons fuir… Il suffit alors de profiter de cette situation pour entrer dans la scène traumatisante et rassurer l’enfant intérieur. La plasticité cérébrale permet cette réparation.
Pour ceux qui aimeraient explorer plus avant l’hypnose, je recommande ma collègue Sophie Bougerol.
Le contact
Je réalise un contact sur la tête et le plexus solaire pour les traumatismes d’avant le langage. Quelques séances de cette technique rassurent l’enfant intérieur. Il est particulièrement intéressant dans les cas de mise en couveuse, de séparation de la mère, de mère incapable de s’occuper de son enfant, ou de drame (bébé prisonnier de décombres après un tremblement de terre par exemple).
Puisqu’à l’époque l’enfant n’avait pas les mots pour dire, on peut ainsi le rejoindre par ce qu’il connaît, le toucher.
Le travail de deuil et de séparation
Le travail de deuil ou de séparation (amoureuse par exemple) est très spécifique et particulièrement cadré. Il nécessite environ cinq ou sept séances, selon la capacité de la sensibilité et la volonté à faire les exercices. Je demande d’écrire, puis de s’adresser sous ma direction à la personne perdue, pour bien explorer tous les liens émotionnels. Les résultats sont toujours tangibles et permettent de garder les bons souvenirs après avoir allégé la douleur.
Si vous vous intéressez à l’impact de l’écriture et que vous lisez l’anglais, découvrez les travaux du Dr Pennebaker.
Les Fleurs de Bach
Les Fleurs de Bach peuvent aider à l’allègement des émotions difficiles. Pour savoir ce qu’elles sont et comment elles fonctionnent, l’article Fleurs de Bach, devenez autonome ! vous expliquera tout.
En conclusion…
Ouverte à toutes les écoles de psychologie et à toutes les dimensions de l’être humain, la psychothérapie intégrative est évidemment ma préférée, vous l’avez compris. Mais ce n’est pas seulement son universalisme qui m’a séduite, c’est aussi son efficacité.
Brigitte Minel, psychanalyste et praticienne en Fleurs de Bach