Votre enfant subira-t-il un abus sexuel ? Et pourquoi ?
Suite à une tentative d’abus, un enfant sera capable d’appeler seul et immédiatement la police. Pourtant un autre enfant endurera inlassablement les gestes dégradants de l’abus sexuel sans jamais en parler. Quelle différence entre ces deux enfants ? Les clés sont l’information et l’éducation sexuelle. Mais comment s’y prendre pour parler d’abus sexuel à des enfants très jeunes sans les angoisser ? Avec Tout savoir de l’amour avant neuf ans, on vous dit tout.
Protéger son enfant des abus sexuels ? L’éducation sexuelle, c’est la base
Dans Tout savoir de l’amour avant neuf ans, l’histoire commence avec Kyra qui découvre la sexualité à la télévision. Elle se sent troublée. Sa maman lui vient en aide en expliquant ce que sont l’amour et le désir. Puis fusent les questions sur la différence des sexes et la création des bébés.
Le soir dans la chambre de Kyra, Niko, le frère, s’est joint à elles. Enfin, c’est au père d’entrer en scène et de partager cette conversation. De façon archétypique (selon le psychanalyste Carl Jung), le père représente la loi et l’énonce ici aux enfants. Il explique que la sexualité comporte des règles. Les enfants vont découvrir alors ce qui est bénéfique et joyeux dans la sexualité et devenir capables de distinguer ce qui ne l’est pas… Comme les «jeux sexuels» qui vont trop loin.
Kyra et Niko, des enfants prévenus contre les risques d’abus sexuel
On hésite en tant que parent tant le sujet des abus sexuels sur les enfants est peu attractif. On redoute aussi de faire peur à l’enfant en lui parlant d’abus sexuel et qu’il en conçoive des angoisses. Ou on pense qu’il est trop jeune… À tort malheureusement, puisque 21 % des enfants abusés sexuellement ont moins de six ans.
Et puis on n’est pas forcément à l’aise en tant que parent pour parler de sexualité. Ou on décide que l’anatomie c’est ok, mais que la question de l’abus pourra attendre. Mais quand cela sera-t-il d’actualité ? Faut-il qu’un drame se produise pour votre enfant ou un petit camarade ?
L’éducation sexuelle, on espère que l’école s’en chargera
Certes les circulaires de l’Éducation nationale préconisent des séances sur la sexualité dès le primaire. Mais c’est parfois hélas trop tard. En outre, la plupart des écoles ne les mettent pas en place, parce que les enseignants eux-mêmes sont gênés de traiter ce sujet. Et dans le meilleur des cas, les informations transmises concernent la reproduction et non la sexualité et ses périls. C’est ainsi que nos petites victimes continuent de souffrir, perdues et impuissantes ; et mettent souvent des années à comprendre qu’il suffit la plupart du temps d’un simple NON !
Dans Tout savoir de l’amour avant neuf ans, nous avons choisi de présenter à l’enfant l’amour romantique et… ce qui l’est moins. Parce que l’enfant connaîtra ainsi les deux côtés de cette force qu’est la sexualité. Une lumineuse et l’autre qui détruit.
En tant que parent, soit vous avez vécu personnellement l’abus sexuel étant enfant et vous ne sous-estimez pas le danger, soit vous avez été épargné et vous n’avez pas idée des horreurs qu’un enfant peut endurer. Dans mon cabinet, j’ai entendu les confidences des jeunes et des moins jeunes sur les abus que les enfants subissent, tout aussi bien que ceux auxquels ils se livrent. Je les ai relatées dans un livre, Nos enfants et les dangers du seXe. Dans cet ouvrage, on découvre la nécessité de bien détecter les prédateurs, dont certains sont insoupçonnables. Malheureusement, le plus souvent, nous mettons en garde nos enfants contre celui qui est le plus improbable… Mais qui sont-ils ?
Le pervers dans la rue
Tout parent a informé son enfant qu’il ne fallait pas suivre le monsieur dans la rue. Même s’il a l’air gentil, ou même s’il prétend que les parents ont eu un accident. Ou encore s’il demande de l’aide et fait appel aux bons sentiments de l’enfant.
Mais ces événements restent heureusement exceptionnels (bien que très graves puisqu’ici l’enfant risque carrément sa vie). Et nous dépensons beaucoup d’énergie sur ce sujet, alors que statistiquement nos enfants ont peu de chance de croiser un tel individu. Pendant ce temps, les abus vont bon train et les enfants ne sont pas mis en garde contre les cas les plus courants…
Le pervers à la maison ou dans l’entourage proche
Dans la plupart des cas, l’abus sexuel que subit l’enfant ne se produit pas lors d’un enlèvement. Il n’y a pas non plus de violence apparente. En effet, l’abuseur vous fréquente et connaît votre enfant. Il le repère depuis un moment et le séduit.
Ainsi, il est beaucoup plus compliqué de mettre en garde son enfant contre l’éventualité que l’oncle dérape. Ou que le voisin sympa se montre par trop curieux de la culotte de votre petit. Ou encore que le gentil animateur se transforme en un être lugubre. Et pire… papa ou papy ? Ceux qui sont censés protéger et aimer l’enfant. Franchement, comment aborder cette question ?!
Dans Tout savoir de l’amour avant neuf ans, nous avons réussi, par l’énonciation des «lois du père», à contourner le problème. On ne désigne pas directement les agresseurs possibles. L’enfant comprend naturellement avec qui il pourra plus tard s’unir, et donc avec qui la sexualité sera possible. Il apprend aussi qu’il y a un âge pour tout. En effet, où est la limite saine entre sa curiosité naturelle (ou celle d’un autre) et les rapprochements qu’il doit refuser ? Bien évidemment, les parents ne souhaitent ni bloquer le développement de l’enfant, ni lui mettre des peurs inutiles en tête. Dans Tout savoir de l’amour avant neuf ans, Kyra et Niko découvrent et comprennent les limites saines !
Les lois de la sexualité
Ainsi, dans Tout savoir de l’amour avant neuf ans, nous avons pris le parti de donner une information complète en revenant aux fondements de toute société humaine.
La première loi du sexe : on ne peut pas se marier avec quelqu’un de sa famille
Les parents imaginent à tort que le tabou de l’inceste est intuitivement connu par l’enfant. Or, naturellement, les animaux s’accouplent avec n’importe quel membre de leur famille. Ainsi, le pilier du tabou de l’inceste qui structure nos sociétés est transmis culturellement. L’enfant ne peut pas le deviner. Aussi pourquoi ne toucherait-il pas intimement sa sœur (comme de nombreux cas qui m’ont été relatés) ? Si les enfants se cachent pour se livrer à ces actes, c’est plutôt par honte et/ou pudeur que par compréhension réelle du fait que les humains n’ont pas le droit de faire cela.
Dans Tout savoir de l’amour avant neuf ans, on précise clairement avec qui on peut se marier et donc plus tard avoir des relations intimes.
La deuxième loi du sexe : on ne force personne
L’enfant apprend que personne ne doit le forcer. Ni un adulte, ni même un autre enfant (de petits patients, des garçons, m’ont encore raconté récemment des agissements dans la cour d’école ou les toilettes). La sexualité doit être un domaine de liberté et d’intimité. Puis de joie partagée.
La troisième loi du sexe : on doit s’approcher de la sexualité progressivement
Expliquer à l’enfant qu’on doit aborder la sexualité progressivement lui permet de comprendre que les « jeux sexuels » entre enfants peuvent déraper et qu’ils ont le droit de dire non dès qu’ils sentent qu’ils ne sont plus d’accord. La sagesse nous enseigne qu’il y a un temps pour tout. Et par notre pratique de la psychologie, nous savons que les expériences sexuelles trop précoces (ou trop poussées) laissent des traumatismes et le cœur triste.
La quatrième loi du sexe : on touche son sexe seulement dans sa chambre
L’enfant apprend que puisqu’on ne doit forcer personne (loi n° 2), on respecte la liberté de chacun. Et de ce fait on cantonne ses explorations sexuelles personnelles à sa chambre. Pour certains parents, il est compliqué de faire comprendre à leur enfant qu’il ne doit pas se masturber dans le salon ou devant des invités. Lorsque l’enfant évolue et intègre ces lois du sexe, il sait, sans culpabilité, qu’il existe non seulement un temps pour tout, mais aussi un lieu.
Informer son enfant sur la sexualité : à quel âge ?
À trois ou quatre ans, votre petit peut vous sembler encore trop « innocent » pour penser à la sexualité et la reproduction. Pourtant les pulsions et la curiosité sont là, surtout chez les garçons qui voient leur sexe se manifester. Donc le plus tôt sera le mieux. Dès quatre ans, les enfants se montrent en général intéressés par le sujet et souvent à l’occasion d’une grossesse dans l’entourage. Foncez !
Finalement, un enfant averti saura se défendre et ne sera pas la proie d’un prédateur. Il ne passera pas par l’étape de la sidération où il ne comprend pas ce qui lui arrive et ne peut agir. Il pourra vous parler de toute tentative à son égard puisqu’il se sentira à l’aise et en confiance pour s’exprimer sur la sexualité.
Ainsi, la communication autour de la sexualité, un dialogue libre entre votre enfant et vous, est donc essentiel et fera toute la différence pour la sécurité de votre enfant.
Dans Tout savoir de l’amour avant neuf ans, avec ses dessins adorables et un langage adapté, tous les aspects seront abordés de manière douce et même avec humour.
Enjoy !
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Brigitte Minel, psychanalyste à Vincennes
Pour les adultes : Nos enfants et les dangers du seXe
Pour les enfants : Tout savoir de l’amour avant neuf ans