Comment présenter son amoureux à ses enfants

Comment présenter son nouveau compagnon à ses enfants pour qu’ils l’acceptent ? Ce n’est pas une démarche à prendre à la légère. En effet, pour eux, faire le deuil de l’espoir secret de voir le couple parental se reformer s’avère une étape difficile. Même si votre progéniture semble avoir accepté la séparation, l’arrivée de votre nouveau compagnon va faire resurgir les douleurs enfouies. Alors, s’y prendre pour qu’ils n’entravent pas votre (et leur) bonheur pendant de longues années ?

Sommaire

  1. La renaissance de votre vie amoureuse
  2. Le risque du rejet
  3. Où en sont vos enfants ?
  4. Vérifiez que la séparation soit bien digérée
  5. La page est tournée
  6. Comment présenter votre amoureux ?
  7. Inviter votre ami chez vous
  8. Ménager les enfants, oui, mais combien de temps ?

1. La renaissance de votre vie amoureuse

Vous avez traversé une séparation, un divorce, ou un deuil, et vous avez souffert. Et si aujourd’hui l’idée de « refaire sa vie » vous tente, c’est parce que vous êtes bien résolue à couler des jours heureux avec le conjoint auprès de qui vous épanouir.

Se remarier, ou presque

Et par chance, ou suite à un travail sur soi pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs, vous avez trouvé l’âme sœur avec qui un lien fort peut de nouveau exister. La communication entre vous vous satisfait, le désir de vie commune est présent — ou chacun chez soi, mais dans une perspective de famille recomposée —, vous partagez des valeurs, la sexualité vous comble… vous l’aimez et vous vous sentez prête.

Votre nouvel amour

Vous l’avez tout d’abord fréquenté discrètement, quand vos enfants étaient chez l’autre parent ou chez les grands-parents, et vous pensez maintenant que le moment est venu d’aller plus loin et de le laisser entrer dans votre univers. Mais vous vous posez de nombreuses questions… Saura-t-il aimer vos enfants ? Vont-ils l’accepter ? Comment prendront-ils votre désir d’enfant, d’un petit de vous deux ? Ou peut-être vos enfants sont-ils déjà des adultes et vous souhaitez qu’ils apprécient votre ami.

Quoi qu’il en soit, la vie vous sourit. Votre rêve de ces derniers mois ou de ces dernières années peut enfin se réaliser. Mais quelqu’un ne voit pas forcément votre bonheur d’un bon œil…

2. Le risque du rejet

Là, tapis dans l’ombre, certains imaginent tout autre chose et s’inquiètent. Et je ne parle pas de l’amie laissée sur le carreau, de l’ex-belle-famille ou de l’ex. Non, l’ennemi se cache dans les murs ; l’ennemi ce sont vos propres enfants, la chair de votre chair.

Ils s’y feront ! pensez-vous. N’ai-je pas le droit d’être heureuse ? vous indignez-vous, je leur donne déjà tout ! Une présence masculine, c’est un équilibre, vous dites-vous. Certes, mais ce n’est pas leur ressenti.

Le rejet

« Je le déteste ! Ma mère nous l’a imposé. Il ne remplacera jamais notre père ! Il est horrible ! » s’écrit Laurianne, treize ans. « Elle amène son nouveau mec au mariage de mon cousin ! On ne le connaît même pas. Je vais devoir faire semblant de m’intéresser à lui alors que je m’en fous ! » s’énerve Johanna (jeune femme de trente ans).

En effet, il est nécessaire de réaliser combien les manœuvres maladroites vont compromettre votre vie future si les enfants se bloquent. Ce n’est par exemple pas du tout une bonne idée de leur dire que vous amenez un « ami » en vacances !

L’acceptation

Par contre, les enfants de Clothilde, Zoé et Rubens, ont bien accepté le compagnon de leur mère et l’adorent. S’il ne remplace pas le père (et personne ne désire cela), il est un autre « papa », quelqu’un sur qui on peut s’appuyer, un beau-père « sympa ».
Les hommes beaux-pères de Laurianne, Johanna, Zoé et Rubens sont-ils si différents ? Les uns sont-ils meilleure que les autres ? Pas forcément.
La perception que vos enfants auront de votre amoureux se forgera à l’occasion de la rencontre. Alors, comment faire ? Pour cela, il est nécessaire de bien comprendre la psychologie des enfants.

3. Où en sont vos enfants ?

Après une séparation, un divorce ou un deuil, tous les enfants redoutent l’arrivée du nouveau compagnon ou de la nouvelle compagne, celui ou celle qui va prendre « la place de… ».

Sondez l’état émotionnel de vos enfants

Dans quel état émotionnel sont vos enfants ? Sont-ils prêts ? Si la séparation s’est passée paisiblement et dans le consensus, c’est probablement la tristesse qui prévaut. Si c’était la guerre à la maison, ils sont alors soulagés de ne plus assister à des disputes, d’entendre des cris, de ne plus subir la tension. Et si le père vous a quittée, peut-être ont-ils aussi traversé votre chagrin ? Vous pleuriez dans votre chambre, vous étiez morose devant votre écran ? Sans doute avaient-ils du mal à vous approcher, à vous sentir disponible et ne savaient comment vous réconforter. Vous ont-ils surprise à vous lamenter au téléphone ou exprimer votre ressentiment ? Ont-ils entendu la famille commenter vos mésaventures ?

Une tempête dans leur tête

Eux aussi peuvent ressentir de la colère, une impression d’injustice, surtout les adolescents et les jeunes adultes. Vous en veulent-ils ? Dans leur tête, vous les avez privés de leur papa, vous avez tout gâché, brisé leur foyer ; l’autre parent est éploré et ils vous reprochent son chagrin. Ou bien ils ont hâte de vous revoir heureuse, mais de là à accepter quelqu’un, ce n’est pas automatique.

Ils ont également éprouvé de la honte. Les petits comptent en classe les enfants de couples séparés, pour se rassurer et acquérir un nouveau sentiment de normalité. Tous les enfants évoquent cela en thérapie. Rappelez-vous, c’est par leurs parents qu’ils se déterminent et construisent en partie leur image : papa doit être fort et maman belle ou gentille. Et grands, ils peuvent s’être sentis fiers d’avoir leurs parents encore ensemble. Avant.

La comparaison sociale fait des ravages, même dans les écoles primaires.

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4. Vérifiez que la séparation soit bien digérée

Vous avez discuté avec eux lors de la séparation, mais il est bien d’y revenir. Ou peut-être alliez-vous si mal que vous n’avez pas creusé le sujet. Il est encore temps de le reprendre, et périodiquement vos enfants auront des interrogations en grandissant.

Toutefois, la réalité du couple parental est compliquée pour un enfant et il n’est pas forcément possible de tout commenter, même lorsqu’ils sont grands.

L’obstacle de la culpabilité

Qu’aurais-je pu faire ? se demandent-ils ; qu’ai-je fait ? D’autant que les disputes s’orientent souvent sur le sujet des enfants. Même si vous leur avez certifié qu’ils ne sont pas responsables de votre séparation, ils ont l’impression que leur attitude, voire leurs bêtises, ont précipité la déliquescence du couple parental.
Il va donc falloir leur expliquer que la vie à deux n’est pas toujours facile, qu’ils peuvent le constater à leur niveau dans leurs amours ou leurs amitiés, et que, lorsque des tensions se forment, tout ce qui est partagé s’avère prétexte à querelle : l’argent, la gestion du foyer et du temps, les sorties, l’organisation des vacances, les grandes décisions, l’intimité, la fréquentation des amis et de la famille… et l’éducation des enfants. Ce ne sont par conséquent pas eux qui ont engendré des conflits, mais votre lien devenu problématique ; vous n’aviez pas la même vision de la vie, ou quelque chose empêchait une relation harmonieuse, quelque chose qu’ils connaissent ou dont à l’inverse ils ne sont pas du tout conscients. C’est cette incompatibilité, ces épreuves, qui ont causé le divorce ou la séparation, et non eux.

La culpabilité naturelle de l’enfant

La culpabilité est automatique chez les enfants, surtout s’ils sont petits, parce que l’égocentrisme est naturel à cet âge. Il faut l’étape de la puberté et de la vraie socialisation pour qu’un enfant découvre autrui et son univers. Pour ne plus systématiquement se mettre au centre. Ce développement s’initie par les « confidences » entre adolescents où l’on se met à la place de l’autre. C’est un long processus qui se poursuit tout au long de la vie et une capacité qui se fortifie aux différentes phases de la maturité.

Et vos petits pourront aussi se sentir coupables, vis-à-vis de l’autre parent, d’apprécier votre amoureux.

L’obstacle du parent sexué et du parent rien qu’à soi

Deux autres points difficiles pour eux sont d’envisager le parent sexué, le parent désirant, et de s’être habitué au parent rien qu’à soi, même pour les jeunes adultes.

Il est toujours difficile de s’imaginer les parents au lit, et là, à la perspective que vous ayez un nouveau compagnon, cette pensée affleure à leur conscience. Le dégoût et la curiosité qui s’immiscent sont sans nul doute à mettre en lien avec le tabou de l’inceste.

À l’inverse, certains grands enfants souhaitent se « débarrasser » du parent et le voudraient en couple pour avoir moins à s’en soucier.

Quoi qu’il en soit, et même si en apparence vos petits ou vos grands semblent retombés sur leurs pattes, la perte d’un parent dans leur quotidien est toujours une situation qui marque les enfants et laisse des traces. Alors, acceptez que des émotions se manifestent, même si pour vous c’est une affaire classée. S’ils éprouvent des difficultés à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent, aidez-les à s’exprimer en prenant une distance intérieure. Parfois le recours au psychanalyste sera utile. La thérapie représentera pour eux un espace de parole neutre, et votre démarche leur montrera que vous vous préoccupez de leur bien-être.

5. La page est tournée

Vous avez maintenant la sensation que la page est tournée, que vos petits vont bien et qu’ils ont digéré la séparation. Une routine s’est installée, la maison est paisible et l’alternance de la présence des enfants vous a permis de penser à vous. Alors, comment présenter l’élu de votre cœur ?

Gardez bien à l’esprit que la plupart des enfants aspirent à ce que le couple parental se reforme, que l’amour renaisse entre vous. Il n’est donc pas du tout approprié d’amener sans préambules « l’intrus » à la maison. 

6. Comment présenter votre amoureux ?

S’armer de patience est la clé…

Quel que soit leur âge, il faudra du temps à vos enfants pour s’habituer à une nouvelle personne. Imaginez… ils sont heureux d’avoir l’exclusivité (sentiment parfois ambivalent pour les enfants plus âgés), et ce n’est pas une maigre compensation à la rupture qu’ils ont subie. Leur maman ou leur papa va bien et ils ont enfin toute votre attention ! Ils font couple avec vous.

Alors, comment en parler ?

Une bonne occasion peut se présenter lorsqu’ils évoquent qu’ils ont un amoureux ou une amoureuse, ou un petit ami ou une copine, ou quand l’autre parent a déjà quelqu’un dans sa vie. Vous pouvez alors vous exclamer : « Moi aussi j’ai un amoureux ! » Puis laissez les questions fuser !

Leur curiosité est votre alliée

Éveillez leur désir de connaître l’élu. Ne vous inquiétez pas si l’un de vos enfants résiste et se braque. Attendez patiemment qu’ils aient tous envie de le rencontrer. Les enfants sont extrêmement curieux et cette curiosité est votre alliée. Ce jour-là ne manquera pas d’arriver.

La rencontre

Lorsqu’ils seront enfin prêts, organisez le rendez-vous dans un endroit neutre et à l’extérieur. Ainsi dans leurs têtes, il ou elle ne sera pas encore « entré » chez eux. Un parc fera l’affaire, une fête foraine, une promenade, un musée, la piscine, un espace dans lequel ils peuvent bouger et ne sont pas obligés de rester en face à face avec votre ami. Le restaurant n’est pas une bonne idée ou alors un restaurant avec une aire de jeu.

Ne vous tenez pas par la main et ne mettez pas trop en scène votre amour, hormis un bref baiser sur les lèvres et des marques d’attention. Soyez tous deux disponibles pour les enfants. 

Et si vos enfants sont grands

Si vos enfants sont grands, l’occasion idéale est lorsqu’ils vous ont demandé un « coup de main ». Votre ami venu en renfort sera apprécié pour un déménagement, un bricolage, ou la garde de vos petits-enfants. La seule condition est qu’il se montre discret ou qu’il ne soit pas directif, le but étant qu’à la fin de la journée vos enfants se disent que c’était « sympa » de sa part.

Comment doit-il approcher les enfants ?

Si vous êtes « l’amoureux », ne soyez pas intrusif. « Comment ça se passe à l’école ? » n’est généralement pas perçu comme une question agréable. Témoignez de l’intérêt pour leur personne et leurs goûts : « Tu aimes les jeux vidéo ? les papillons ? nager ? voyager ? les animaux en peluche ? les jeux de société ? la montagne ? » Réagissez à leurs interrogations de façon sincère, mais en vous mettant à leur portée. Si vous avez vous-même des enfants et qu’ils veulent savoir, répondez sobrement, sans vous étendre sur le sujet. Ce n’est pas le moment d’expliquer les exploits de vos propres enfants. Il vaut mieux procéder par palier et vous concentrer sur ceux que vous découvrez et qui feront partie de votre avenir proche. Vous êtes déjà pour eux un gros morceau à avaler. Soyez fun !

Répétez plusieurs fois ce type de sorties jusqu’à ce que tout le monde se déride.

7. Inviter votre ami chez vous

La prochaine étape sera le repas en commun dans le lieu de vie des enfants. Mais sans y coucher et sans sieste ! Le partage du lit du père ou de la mère est toujours une rude épreuve.
Pour les enfants adultes, attendez qu’on vous invite tous les deux à dîner. Si l’initiative vient de vous, ils se sentiront probablement obligés d’être là, mais l’ambiance peut s’avérer pesante et la conversation malaisée, surtout si c’est dans la maison où ils ont grandi et si votre compagnon y semble trop à l’aise à leur goût.
Lorsque les enfants auront approuvé votre relation, vous pourrez enfin passer le message qu’il ou elle va rester dormir. Ou mieux encore poser la question : « Est-ce que c’est ok pour vous s’il dort ici ? ou est-ce trop tôt ? » S’ils ont bien compris que ce jour arrivera, ils auront tout au moins momentanément une sensation de choix et se sauront respectés.
Maintenant, il va de soi que vous ne pourrez pas vous livrer à de grands ébats. Demeurez discrets !

8. Ménager les enfants, oui, mais combien de temps ?

J’imagine qu’à ce stade de votre relation vous avez hâte de présenter votre ami et que ces multiples précautions puissent être agaçantes. Toutefois, mieux vaut quelques semaines de patience que des années d’enfer et de lutte, et un ressentiment de part et d’autre qui s’exprimera tôt ou tard (« Tu nous l’as imposé ! », « Tes enfants ne m’ont jamais accepté ! »)
Restez calme et sereine ! Et faites grandir ainsi et par la même occasion le désir de votre âme sœur d’avoir le privilège d’entrer dans votre vie et celle de vos enfants.
Partagez en douceur votre bonheur !
L’amour est là pour irradier. Valorisez ce temps d’acclimatation et souvenez-vous du discours du renard dans Le Petit Prince de Saint-Exupéry…

« Si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde. »

Ce bonheur, vous le devez à vos enfants, et à vous-même.

Brigitte Minel, psychanalyste à Vincennes et Mandres-les-Roses